Jonathan Joseph Mayers | Bâton-Rouge, Louisiane
Nous-autres, certains louisianais•e•s, on parle toujours de nos chousses acadiennes, de notre connexion à l’Acadie, et comment c’est une expérience touchante d’aller visiter la terre de nos ancêtres là-bas en Nouvelle-Écosse, au Nouveau Brunswick, à l’Île Royale (l’Île du Cap-Breton asteur) et à l’Île-Ste-Jean (l’Île-Prince-Édouard asteur) au Canada. La plupart du monde croient que le français en Louisiane a survécu depuis le 18e siècle grâce aux efforts d’un seul groupe colonial, mais cela n'est pas le cas. Historiquement, il y avait des Houmas, Chitimachas, Créoles, Africain•ne•s, Acadien•ne•s, Français•e•s, Créoles de St. Domingue (Haïti asteur) et d’autres qui continuaient à le parler. Nos liens acadiens, qui concernent plusieurs Cadien•ne•s et Créoles de nos jours, m’a apporté le français d'une différente manière que dans le passé. C’est l’année du Congrès mondial acadien 2019, qui aura lieu du 10 au 24 août ; par conséquent, étant moi-même créole louisianais et ayant des ancêtres acadiens, je voudrais partager avec vous des affaires et puis des textes que j’ai écrits pendant mes séjours en Acadie.
J’ai visité la Nouvelle-Écosse trois fois depuis 2015 en assistant au programme légendaire d’immersion française à l’Université Sainte-Anne. C’est-à-dire que j’ai touché la terre à Grand-Pré au moins autant de fois que ça. Là, je suis entré dans la chapelle deux fois, j’ai marché sur les digues autour de Grand-Pré, j'ai lu les noms de famille de ma branche acadienne dans le livre généalogique au lieu historique national de Grand-Pré, j'ai entendu la conférence intéressante du Titulaire de CRÉAcT, Clint Bruce (qui s’appelait Convergences, divergences : l’Acadie et la Louisiane au 21e siècle), j’ai monté l'un des plus grands saules que je n'ai jamais vu de ma vie, pis là, en 2016, j'ai eu de la chance de toucher la terre de Horton’s Landing. C’est là où l’on croit que la plupart des acadiens ont été déportés pendant le Grand Dérangement. C’est là où j'ai imaginé leur expérience de la déportation. C'était en jonglant une idée de fantaisie avec un œuvre visuelle et textuelle que j'ai eu l'inspiration de créer Les Âmes toujours attachées à Grand Pré.
Revenons au programme d’immersion française de l’Université Sainte-Anne, un établissement bien connu en Louisiane. C'était un Acadien, Jean-Douglas Comeau, qui a créé ce programme il y a plus de 40 ans. C’était lui qui nous visitait pendant plusieurs années ici-bas pour promouvoir son programme et qui travaillait avec le CODOFIL pour créer des bourses afin de donner aux louisianais•e•s des opportunités d’aller apprendre leur langue d’héritage en Acadie. C’est là, à Sainte-Anne, où j’ai rencontré trois profs que j’vas jamais oublier : Marcel Weaver (2015), musicien acadien et prof très animé ; Tiphaine Magne (2016), animatrice culturelle française et prof très sincère ; et Anas Atakora (2018), poète togolais et prof très vaillant.
L’année passée, la culmination de mes expériences et de mon appréciation du paysage acadien s’est forgée dans un ensemble de poèmes que j’ai nommé Les Rafales de quatre feuilles : Poésies créoles louisianaises de l’Acadie. C’était aussi une écriture faite pour mon cours d’été, enseigné par un poète qui m'inspire, Anas Atakora, et en plus j’y avais aussitte apporté l’anthologie de poèmes, Les Cenelles, comme matériel de lecture. Je voudrais remercier Joseph B. Darensbourg de me l'avoir recommandée. Cette anthologie, écrite et puis publiée en 1845 à la Nouvelle-Orléans (Bulbancha) par les Créoles libres de couleur, Armand Lanusse parmi eusse, m’a fait réfléchir à ce que nous désirons pour l’avenir pis comment nous l’atteindrons. Ça m’a aussitte donné un texte joliment important qui me laisse découvrir encore l’identité et comment nous-autres est connecté•e•s à l’environnement.
Voilà, un morceau de Les Rafales de quatre feuilles : Poésies créoles louisianaises de l’Acadie :
Quelles sortes de bêtailles
Le 6 juin (le 25 décembre à Ste-Anne)
La bouteille d’acrylique
Contentait du café au lait
Toute y seule, personne autour sauf que moi
Une corde verte pour allumer le Noël
Dessous les branches, la mousse supporte
Ce type d’objet en le tenant confortable
Peut-être pour assez de temps
Y a des canards icitte
Mais non, pas de canards du tout
C’était un petit sifflement gazeux
« Pyp pyp pyp »
Charraient les chaffinch
Deux fois j’ai chanté des chansons louisianaises
Deux fois ils m’accueillaient
Les tamils et les écureuils s’en viennent
Pour me regarder
Pour me rencontrer
Je marche les mêmes chemins
Découvrant toutes les détails
Les bêtailles, les têtailles
Près des yaourts
Au-delà, un minou plastique
Crevé
Sans tête
Au bal
De la nature
Morte
bêtailles = animaux
têtailles = bêtailles dit aux enfants
À Grand Pré
Le 9 juin
Cette poésie peut être accompagnée par : Kathleen’s Waltz / La Valse à Kathleen (Dennis McGee).
La vieille musique acadienne est après jouer
Dans ma poche
Des larmes sortent mes yeux
Je braille en amassant ce paysage magnifique
Les vaches marchent lentement
Le Bassin Minas est vivant
Je sens le vent frais sur mon dos
Les machines à récolte sont après rôdailler
Dans les clos
Une froumi qui vole est sur mon papier
Écoutant les violons
Petits papillons jaunes flottent en dessus la prairie
Si je n’avais pas de crotte de nez
Je ne serais pas si chanceux
De trouver un trèfle de quatre feuilles
Y a le sentiment d’appartenance icitte
Sur l’anse qui donne sur Grand Pré
Marron, tout partout
Les verts clairs, foncés, brillants
Nourrissante est la vue
Je me demande qu’est-ce qu’Y a
Au l’autre bord de la baie
L’aigle chauve sait
J’ai envie de plonger mes mains
Dans la boue de mon cœur
Pour partager ce comportement gluant
Avec vous-autres
froumi = fourmi
brailler = pleurer
Tournant, tournant, tournant
Le 10 juin
Ouaouaron, chasse-maringouins
Mise sur ma peau peu après j’ai tourné le linge
Tournant, tournant, tournant
Tchoc parmi les roseaux,
Bien – son – pour – cherchant
Tournant, tournant, tournant
Les saisons trois fois par heure
Essaim – en – volent – mouches – petites
Piquent – me
Maringouins – les
Lorsqu’un canard noir passe par-dessus
Tournant, tournant, tournant
Tout
Saoul
Les écureuils marron curieux
Lancent des mots forts du sapin à côté de moi
Minces sont les aiguilles de pin
Frète fait-il
Tournant, tournant, tournant
Rendues outilles
ouaouaron = grand crapeau
maringouins = moustiques
tchoc = merle
frète = froid
Le Cabotage
Le 10 juin
Après chercher des coquillages
Nous étions à la paix
Bien alimenté, gras
Nous-autres, on est le cabotage
On est en 2019 … et je connais comment taper, rire, penser, texter, vivre en français grâce à ces trois sessions en Acadie avec un ensemble de diverses personnes qui m’a appris des facettes d’une de mes langues d’héritage je parle dans une différente manière. Bonne année et lâche jamais.
lâche jamais – Une transformation d’une phrase se dite par les Cadien ne s en Louisiane, « lâche pas » ou « (ne) lâche pas la patate ». Ça signifie de ne laisser tomber ni la culture ni la langue ni l’identité.
Si vous voulez voir plus de Jonathan, veuillez visiter son site-web à : https://jonathanmayers.com/home.html
Et voici son profil Instagram : @feral_opossum
Et son Twitter : @jonathanmayers *Édité le 14 février : Le programme d'immersion de l'Université Sainte-Anne a été crée il y a plus de 40 ans, pas 50 ans.
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