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« LOUISIANE, SCÈNES »

Dernière mise à jour : 12 mars 2020

Anas Atakora | Nouvelle-Écosse, Canada


À café Envie en Ville. Crédit photo: Jonathan Mayers


Ce texte est de Anas Atakora, écrivain et prof d'université résidant en Nouvelle-Écosse, au Canada. Il offre aux lecteurs une poésie-voyage, une poésie-découverte, une poésie-rencontre avec la Louisiane qu'il porte au cœur. Anas Atakora aime relater des impressions et des petites scènes qui constituent le charme et le chaos des quotidiens citadins. "Louisiane, scènes" fait partie, à cet effet, du nouveau livre qu'il prépare, et qui a pour titre "Des villes et autres poèmes."


LOUISIANE, SCÈNES


Décembre. Voici la Louisiane. L’avion qui m’y dépose semble avoir une gueule de bois. Il a l’air paresseux comme un serpent rassasié. Mais, ce n’est pas la faute à La Nouvelle-Orléans qui m’accueille . . . Le ciel ici se prépare à dérouler un tapis noir aux étoiles. Il fait beau dans la naissance de ma première nuit louisianaise.


Je suis ici pour rêver le monde


Je suis ici pour saluer la résilience


Je suis ici par amour à cette terre qui sait dire « va-t’en » aux malheurs.


Il faut beaucoup d’amour pour vivre d’eaux et de risques. La vie louisianaise est ainsi faite. Chaque pas est une grande célébration de la vie et de l’eau. Ne pas s’inquiéter donc de boire un petit coup ; l’alcool ne tue pas plus que Wall Street, dit le patron de l’hôtel.


Je sors flâner dans les rues.


Je laisse la ville m’aimer comme elle veut.


Il y a de la beauté, et aussi un peu de chaos dans les yeux de ceux que je rencontre. Au café Envie, sur la rue Decatur, tous les matins sont une promesse de victoire. Et le jazz a le pouvoir de modifier l’odeur du café.


Il y a de la fraternité dans les yeux de ceux que je rencontre. Mais aussi de la rage . . . Au Studio Be, sur l’autre bout oublié de la rue Royal, un vieil homme m’a serré dans les bras après quelques minutes de conversation. Il a répété frère, frère, frère, nous savons à quelle profondeur notre peau porte les rayures de l’Histoire. Et j’ai imaginé cet homme comme l’incarnation d’un possible ancêtre échoué à St Charles sous les fouets et les injures . . .


Il y a quelque chose de brutal qui hante toujours notre mémoire . . . Quelque part sur la rue Canal, La Nouvelle-Orléans ne doit pas oublier que même les yeux qui se ferment sont un poème de la lumière.


© Anas Atakora


 

Pour lire plus de Anas Atakora, veuillez visiter son site-web à : atakora.wordpress.com


Anas Atakora. Portrait gracieuseté de l'écrivain.

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